Série Lefranc – tome 20
Scénario : Michel Jacquemart
Dessin : Régric
Casterman – 7 /11/2009
On ne peut plus se fier à rien.
Dans ma jeunesse, Lefranc était celui qui, grosso modo, sauvait la planète de la destruction face au machiavélique Axel Borg. D’un épisode à l’autre, les codes sont bien respectés et seuls les lieux changent.
Ca sent bon la couette, Lefranc, par un dimanche après midi sans soleil, alors que le reste de la famille regarde Dimanche Martin.
A chaque fois que j’achète un Lefranc, c’est dans l’espoir de retrouver cette ambiance paisible et feutrée.
Terrible méprise en fait. C’est oublier un peu vite que le temps a passé. Les deux Jacques Martin (celui de la télé et l’auteur de la BD) sont trépassés. Les personnages survivent mais avec un bonheur inégal.
Avec Noël Noir, Lefranc n’est plus Lefranc.
D’abord, on ne le reconnait pas. Son visage n’est plus le même. Franchement le dessinateur ne s’est pas trop appliqué, quand même. Exemple ci-dessous :
Lefranc par Jacques Martin (1959 dans l'Ouragan de feu)
Lefranc par Gilles Chaillet (de 1976 à 1998)
Lefranc par Régric dans Noël Noir (2009)
Ensuite, les goûts du personnage. Ce n’est pas un secret, les héros de Jacques Martin préfèrent nettement la compagnie des jeunes garçons à celle des
jeunes filles. Jean-Jean pour Lefranc, Enak pour Alix. Et personne n’y a jamais trouvé à redire, même pas les ligues de vertus.
Sauf que dans Noël Noir, regardez ça : une fille (oui, vous avez bien lu), à moitié nue, dans les bras et contre le torse (nu lui aussi) de Lefranc. Ben non, ça ne le fait pas. C’est même pas sexy. Si je veux un peu de cul en BD, je n’achète quand même pas Lefranc !!!
L’histoire est oiseuse au possible et croule sous l’intention didactique. Si vous voulez savoir à quoi ressemblait une mine de charbon dans le Nord des années 50, lisez Noël Noir. Je suis sûr d’ailleurs que l’ouvrage est en vente dans la boutique des musées ayant pour thème les mines de charbon.
Il est regrettable que la série Lefranc n’ait pas connu le même sort que Blake et Mortimer. Là, deux équipes talentueuses ont su parfaitement conserver l’esprit de l’univers d’E.P. Jacobs tout en le faisant évoluer doucement. Les scénars sont béton et le dessin scrupuleusement respectueux des personnages.
Dans les albums les plus récents de la série Lefranc, j’avais préféré « Le Maître de l’Atome » (2006 mais vieux scénar de Jacques Martin lui-même) et « Londres en Péril » (2008) dont les titres sont déjà de sérieux gages !
Lire ici un avis plus enthousiaste que le mien.
