Lorsque je suis passé à Dialogues, Samedi vers 17h, la messe était dite : La première édition française du « Disquaire Day » est un beau et franc succès ! « ça a été la bérézina sur les éditions collectors » déclare Yvon avec un franc sourire. Le comble pour nos disquaires aura été la limitation de la distribution des raretés : un exemplaire par acheteur. J’ai quand même déniché un joli pressage du 45 tours des Stones « Brown Sugar ».
Et ce succès me réjouit, car, malgré la tendance, j’userai de tout mon pouvoir (et ce blog pèse lourd dans le PAF, croyez moi) pour promouvoir et défendre le disquaire. Et disquaire indépendant de surcroit.
J’en ai deux qui s’agacent en commentaires sur mon article « disquaire day ». l’un qui déclare sans état d’âme que la fin du disquaire c’est pas un mal et l’autre qui s’énerve en défendant le contraire mais sans vraiment argumenter.
C’est vrai ce que dit Jean-François : aujourd’hui on peut tout acheter sur internet, on peut tout télécharger, les forums de discussion existent, les sites spécialisés aussi. Tout comme on peut se payer un home cinéma de compet et se mater en Blue Ray et en HD un film récent plutôt que d’aller au ciné. Pour les concerts, pareil : un bon DVD plutôt qu’être mal placé au mileui d’ une foule avec une armée de géants devant toi qui te barre la vue. Le travail à distance se développe. Bref, bientôt on pourra tout faire de chez soi à partir de son PC ou Mac. Plus besoin du facteur, on a le mail. Etc. etc.
En gros, on n’aura plus besoin de sortir.
Et du coup, on n’aura plus besoin de voir personne. On aura plein d’amis sur Facebook mais aucun dans la vraie vie, ou si peu. Je ne sais pourquoi je parle au futur car je suis persuadé que c’est déjà le cas pour certains et en particulier les plus timides qui se servent de l’écran comme d’un bouclier.
Est-ce cette vie vers laquelle notre société tend ?
Si tel est le cas, j’entre en résistance. Car j’aime les rapports humains, j’aime le contact physique, j’aime les échanges et pas seulement les échanges virtuels. J’aime échanger mon point de vue contradictoire avec les uns et les autres. Et à ce titre, le disquaire est l’un de ces lieux de découverte, d’échanges. Evidemment si l’on y rentre juste pour acheter la référence quel’on avait noté à la maison et que l’on ressort aussi vite, c’est vrai que l’intérêt est proche de zéro. Mais, tout comme à la librairie, il est bon de flâner dans les allées, de se laisser aller à écouter quelques disques que le professionnel vous aura suggéré parce qu’il vous connaît et sait ce qui peut vous émouvoir. Et force est d’admettre qu’il est plaisant de commenter l’actualité musicale avec le vendeur ou encore le client qui a lui aussi ses habitudes.
Et si je suis réac, hé bien tant mieux ! J’assume ! Parce que cette évolution ne me plait pas.
Dialogues Musiques à Brest. La photo d'Yvon, le directeur, est empruntée au quotidien Le Télégramme.