J’ai décidé de me faire un cycle Luis Buñuel. La bibliothèque de Saint-Brieuc est suffisamment achalandée pour satisfaire ma petite envie.
Je ne sais pas trop ce qui m’a poussé à commencer par « Cet Obscur Objet du Désir ». Le dernier film du cinéaste espagnol en 1977. Le scénario est signé Jean-Claude Carrere, dont j’apprécie l’œuvre et le bonhomme.
Ce film est bien marqué par son époque, 1977. Les costumes, les voitures, les coiffures… Ce qui m’a vraiment plu, c’est le côté très conventionnel sur la forme. Dans le train, un homme raconte à ses compagnons de voyage ses déboires avec Conchita. Et les différentes scènes du film sont « chapitrées » par ces séquences dans le train.
Carole Bouquet et Fernando Rey
Deux actrices différentes jouent le personnage de Conchita. Deux actrices sublimes, il n’est pas anodin de le préciser. Carole Bouquet (dont c’est sans doute l’un des premiers rôles) et Angela Molina.
Déjà là, question conventionnel, on dérape pas mal. Deux interprètes différentes pour un seul rôle, ça déroute un peu. On finit par s’y faire même si on ne comprend pas vraiment pourquoi. Elles sont toutes les deux filmées avec beaucoup de sensualité, et souvent dénudées, ce qui ne gâche rien au film.
Fernando Rey est magnifique dans le rôle de Mathieu Faber. Il incarne cet homme aveuglé de « désir ». Désir inassouvi jusqu’à l’extrême, jusqu’à cette scène vers la fin où l’objet de son désir se donne à son amant sous son regard, derrière une porte de fer le rendant impuissant.
Tout au long du film, un sac traverse régulièrement le champ de la caméra. Intrigué, j’ai cherché une explication sur le net. On trouvera quelques explications dans le dossier fort complet que DVDClassik a consacré au film.
Pour finir ce post, je ne résiste pas à l’envie (au désir ?) de citer cette réplique entre Fernando Rey et son valet, devant la cathédrale de Séville :
- « C’est beau, hein ?!? »
- « Moi, vous savez, j’y connais rien en architecture ».
Une chose est sure : voilà un film audacieux et passionnant.
